C’est l’alarme !

Comme l’immense majorité de mes amis de la gauche démocratique, j’ai voté pour faire barrage aux seconds tours des présidentielles de 2002, 2017 et 2022.

Une certaine droite – post-Chirac, conservatrice, devenue illibérale – a toujours rechigné à faire vivre le front républicain. C’est elle – celle de Ciotti – qui a, aujourd’hui, franchi le Rubicon en s’alliant avec le FN/RN pour offrir, possiblement, une majorité absolue au dernier avatar de la famille Le Pen, le 07 juillet prochain.

À l’exception du « ni-ni » de Mélenchon en 2017, la gauche dans son ensemble et sa diversité a toujours fait barrage à l’extrême-droite, sans ambiguïté, par le désistement.

Ce faisant, nous nous sommes retrouvés avec des gouvernements que nous n’apprécions pas, qui ont immédiatement oublié d’où venait leur légitimité : Raffarin 2002, aujourd’hui dans le « ni-ni » ; Philippe 2017, aujourd’hui dans le « ni-ni » ; Borne 2022 qui va bénéficier du front républicain dimanche prochain…
Non seulement ils ont à l’époque méprisé le vote de millions de citoyens mais ils ont mené des politiques publiques opposées aux aspirations de celles et ceux qui avaient voté pour éviter le pire, sans jamais prendre en considération leurs propositions et idées pour faire vivre une démocratie mature et apaisée.

Et pourtant, tous nous ont dit que notre vote « les obligeait ».

Aujourd’hui l’extrême-droite est aux portes du pouvoir. Même notre président de la République largement disqualifié appelle à faire barrage au FN/RN. Certains continuent à jouer avec le feu et nos vies pour préserver leurs intérêts.

J’avoue ne pas comprendre ceux qui tergiversent face à l’extrême-droite car tel ou telle, à gauche, ne leur convient pas, serait trop agité, n’aurait pas leur sens des responsabilités, aurait dit ceci ou cela…
L’extrême-droite attend son heure depuis 80 ans. Elle est sournoise, déterminée, avance masquée et jubile de l’indigence des « ni-ni ». Les idées qu’elle porte sont un renoncement à la France des Droits humains (préférence nationale, rejet des binationaux, suppression des cotisations sociales donc rejet du partage des richesses, soumission à la dictature poutinienne…).

J’avoue ne pas comprendre que priment ces intérêts particuliers, de boutiquiers, face au danger absolu que représente le FN/RN et que les « consignes de votes » – responsabilité des dirigeants politiques et des candidat.es – ne soient pas l’évidence du barrage et du report affirmé, sans petits calculs.

J’avoue ne pas comprendre que le danger qui vient aveugle à ce point certains humanistes.

Il est de bon ton, dans cette campagne, de convoquer l’histoire pour éclairer le choix et se remémorer les fondamentaux. C’est toujours délicat mais je m’y risque à mon tour : pensons-nous vraiment que, dès le début de la guerre, la Résistance intérieure appréciait politiquement de Gaulle, que Jean Moulin a facilement pu faire l’unité des mouvements et réseaux et n’était entouré que de gens qui pensaient comme lui ou avaient la même vision politique que lui ? Pensons-nous que Churchill et Roosevelt avaient le même projet politique que Staline ?
Bien sûr que non !
Les désaccords étaient parfois immenses.

Pourtant, toutes et tous ont su dépasser leurs oppositions pour le combat prépondérant.
Car hier comme aujourd’hui il faut d’abord battre l’extrême-droite.

Dimanche 07 juillet, c’est avec cette histoire que nous avons rendez-vous.
Je plains vraiment celles et ceux qui minimisent cela, qui n’arrivent pas à choisir entre la gauche et l’extrême-droite car les mois et les années qui viennent vont être un terrible casse-tête pour eux.

Le moment est suffisamment grave pour qu’il soit légitime de dire – comme le fait aujourd’hui l’ancien défenseur des droits Jacques Toubon dans les colonnes du Monde – que ceux qui feront, face au danger, le choix de l’ambiguïté sont coupables et en seront comptables ; les Bruno Le Maire, Édouard Philippe, François Bayrou et Aurore Berger…, notamment.

L’histoire, indéniablement, les jugera.
Et ce n’est pas donner de leçons que de dire cela mais énoncer un fait : ces personnes sont les vecteurs par qui nos vies seront durablement abîmées, demain, sous un gouvernement d’extrême-droite.

Aujourd’hui, la tristesse est envahissante, la honte omniprésente, la colère latente et notre autorité internationale dégradée… mais l’espoir de conjurer encore une fois l’inévitable, en dépassant les égos et les divergences – parfois profondes – reste notre seule alternative.

Dimanche prochain, pas une voix ne doit manquer à celles et ceux qui affrontent le FN/RN.

En Savoie, empêcher l’élection de député.es d’extrême-droite, c’est voter pour Marina Ferrari dans la 1ère circonscription, Vincent Rolland dans la 2ème, Émilie Bonnivard dans la 3ème et Jean-François Coulomme dans la 4ème.

On s’engueulera plus tard… entre démocrates.

Jean-Benoît Cerino
Ancien 1er secrétaire fédéral du Parti socialiste en Savoie

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